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Les stagiaires de la 23ème promotion des directeurs de l’ENPJJ se sont livrés le jeudi 10 décembre 2015 à une restitution des stages qu’ils ont effectués dans différents pays d’Europe.
Un tour d’Europe de la justice des mineurs
Les stagiaires de la 23ème promotion des directeurs de l’ENPJJ se sont livrés le jeudi 10 décembre 2015 à une restitution des stages qu’ils ont effectués dans différents pays d’Europe.
La perspective du droit comparé
Chaque année, les directeurs stagiaires en deuxième année de formation statutaire à l’Ecole nationale de protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ) satisfont à un incontournable de la formation : la restitution des stages européens. En effet, l’arrêté de formation du 28 juin 2011 prévoit, dans une perspective de droit comparé, un stage de deux semaines dans une institution d’un pays de l’Union européenne, en charge de la jeunesse difficile ou en difficulté. A l’intérêt éducatif de cette démarche se rajoute l’aventure, formative, d’avoir à en rendre compte. Ce fut le cas ce jeudi 10 décembre pour la promotion baptisée Janusz Korczak.
« L’ethnologie pourrait se définir comme une technique du dépaysement. » C’est par cette citation de Claude Lévi-Strauss que pourrait s’introduire cet après-midi de découverte ; car il s’agit bien de faire découvrir aux promotions d’éducateurs et de directeurs présents ce qu’eux-mêmes ont découvert. Si Rosemonde DOIGNIES, directrice générale de l’ENPJJ, évoque la dimension pédagogique d’un exercice de restitution, elle souligne surtout tout ce que peut apporter de créativité et de sens critique la familiarisation avec un autre système juridique et une autre pensée de l’action éducative. Les 14 directeurs de la 23ème promotion, partis dans 9 pays, n’ont d’ailleurs pas manqué de témoigner de l’utilité de cette expérience. Tous soulignent la façon dont elle leur a permis de mieux comprendre le contexte d’intervention qui est celui des cadres de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), dans sa complexité comme dans sa riche histoire institutionnelle ; et tous aspirent à puiser dans ces rencontres de nouvelles voies d’action et d’organisation pour les services de la PJJ.
L’expérience de modèles variés
C’est autour de 4 tables rondes thématiques que s’est organisé le retour de ces expériences, 4 tables rondes renvoyant à 4 étonnements initiaux. La première surprise des stagiaires fut en effet de constater des différences d’organisation et de fonctionnement des établissements de placement. En effet, dans la plupart des pays européens, les logiques de prise en charge invitent à des collectifs de 40 voire 60 jeunes. Les élèves partis en Suède, Belgique et Espagne ont pu mesurer les écarts entre les pratiques de la PJJ et celles des pays voisins, qui favorisent, au sein de différents pavillons, l’accès progressif à l’autonomie, des approches comportementalistes et une pédagogie institutionnelle.
Les stagiaires partis en Suisse et en Lettonie ont par la suite fait part de leur surprise face à des systèmes, pourtant protectionnels, parfois très durs. Architecture des centres de placement, systématisation de l’uniforme, gestion des situations disciplinaires leur ont permis de mieux comprendre les enjeux, en terme de politiques publiques, des pratiques françaises en droit pénal des mineurs.
La troisième table ronde s’est concentrée sur les professionnalités et les façons d’exercer des acteurs de la justice des mineurs. L’expérience croate a été l’occasion d’interroger les modes d’interventions des « social pedagogues » comme des « social workers ». L’exemple finlandais, passée la surprise de l’absence de juridiction spécialisée, donne quant à lui à voir un travail intense autour de l’usage de la médiation.
Enfin, la quatrième table ronde était consacrée à un sujet d’actualité pour la PJJ, à savoir le parcours des jeunes et plus particulièrement leur accompagnement au-delà de leur majorité. Les stagiaires partis en Pologne et en Angleterre ont pu éclairer la pensée des 170 personnes présentes par la présentation du travail des « youth offending teams » et la dématérialisation des dossiers des mineurs, et par le travail polonais de resocialisation différenciée des jeunes, et ce jusqu’à 21 ans.
Le temps manquant, il n’a pas été possible d’aborder un dernier sujet, qui fut pourtant un questionnement transversal à tous ces séjours d’étude. En effet les stagiaires devaient enquêter, dans les services les accueillant, sur la gestion et la prise en compte des libertés religieuses. Il apparait que si la neutralité est une valeur partagée, celle de laïcité apparait comme une spécificité française.
Mais la conclusion la plus évidente de cet après-midi très dense est surement le bénéfice, en terme de professionnalisation, qu’ont su retirer de cette expérience les directeurs de la promotion Korczak. C’est bien en observant le plus lointain qu’ils comprennent mieux maintenant leur environnement de travail. L’esprit des Lettres persanes de Montesquieu n’est décidément pas loin…