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Pendant une semaine, des stagiaires éducateurs, des étudiants, des jeunes accompagnés et des professionnels des services de la PJJ ont œuvré de concert dans le cadre d’un orchestre participatif, dont la restitution s’est tenue le 18 mai à l’ENPJJ.
Orchestre participatif : jeunes accompagnés et stagiaires éducateurs connaissent la musique
Pendant une semaine, des stagiaires éducateurs, des étudiants, des jeunes accompagnés et des professionnels des services de la Protection judiciaire de la jeunesse ont œuvré de concert dans le cadre d’un orchestre participatif, dont la restitution s’est tenue le 18 mai à l’ENPJJ.
Le vendredi 18 mai 2018, le site central (Roubaix – Hauts-de-France) de l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ) s’est fait l’écho de la restitution d’un orchestre participatif composé de stagiaires en formation statutaire d’éducateurs (FSE 17-19), d’étudiants de l’Université Lille III, de jeunes accompagnés et de professionnels des services de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Près d’une soixantaine de personnes (professionnels de l’ENPJJ et de la PJJ et personnalités extérieures) étaient présentes pour saluer le point d’orgue d’une semaine intensive de travail collaboratif.
La musique adoucit les mœurs
L’Orchestre Participatif est un programme d’éducation artistique, culturelle et sociale basé sur la notion du vivre ensemble. Ce programme est développé par le Master Art et Responsabilité Sociale (ARS) de l’Université de Lille, avec l’accompagnement d’Hors Cadre, association chargée de l’animation de la mission culture-justice dans la région des Hauts-de-France. Le programme s’appuie sur l’expérimentation « Le Jeu d’Orchestre – Recherche action en art dans les lieux de privation de liberté », menée de 2012 à 2014 au sein d’établissements pénitentiaires du Nord et du Pas-de-Calais, dont l’établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Quiévrechain.
« Un tel projet correspond exactement à la philosophie que nous portons dans cette école, à la fois par le biais de sa politique culturelle et de sa politique de formation », explique Frédéric PHAURE, directeur du service de la formation de l’ENPJJ. « Notre volonté est de multiplier les espaces d’échanges et de partages autour d’objets culturels, artistiques, mais aussi sportifs, au-delà des statuts et des places que nous occupons les uns et les autres. […] Une institution éducative n’a de sens que si elle favorise la rencontre et la relation humaine, y compris sur le champ sensible auquel l’Art nous donne accès. »
Ce projet s’inspire d’une expérience artistique et sociale menée au Venezuela depuis 40 ans, appelée « El Sistema ». Un programme pénitentiaire éponyme, crée en 2007 au Venezuela, est dirigé par Lenin Kleiberth MORA ARAGON, animateur et chef d’orchestre de l’expérimentation développée pendant une semaine à l’ENPJJ.
Toucher la corde sensible
Les violons grincent, les cuivres couinent, les fausses notes et fous rires résonnent dans les couloirs du site central de l’ENPJJ. Du 14 au 18 mai 2018, stagiaires éducateurs, étudiants, jeunes accompagnés et professionnels de la PJJ ont, pendant une semaine intensive de répétitions, accordé leurs violons. La plupart n’avait jusque-là jamais touché un instrument de musique auparavant.
Pourtant, lors de la restitution du vendredi 18 mai 2018, face à un parterre de professionnels de la PJJ et de personnalités extérieures, tous se mettent au diapason, pour offrir à l’auditoire une prestation réglée comme du papier à musique, entrainante et émouvante.
« L’orchestre participatif est avant tout un espace d’échange, de socialisation, de valorisation et de travail en équipe. Pour ma part il constitue en plus un voyage musical avec le défi d’élaborer et d’offrir, sur un temps restreint, un concert devant un public », raconte Amar MISSI, éducateur à l’EPM de Quiévrechain. « Pour réussir ce défi, il nous a fallu déployer une écoute attentive (de soi et des autres) et une concentration intense. C’est un événement qui marquera les esprits de l’ensemble des participants, et notamment pour les jeunes suivis par nos services qui ont vécu une expérience unique en son genre ». « Ce projet fut une expérience musicale et humaine hors du commun ! Le partage, la découverte et le même intérêt pour la jeunesse ont permis de réunir des horizons très différents », déclare Mandy ROURE, éducatrice stagiaire en formation. « La musique et l’éducation se sont rencontrées pour vivre une expérience inoubliable dans laquelle les émotions ont été très fortes ».
La prestation en fanfare des professionnels de son équipe et de celle d’un jeune pris en charge au sein de son service fait vibrer la corde sensible de Gaëlle HERVIEU, directrice de l’EPM de Quiévrechain. « Ce projet, initialement organisé à l’EPM et qui sera de nouveau mis en œuvre en décembre, est une belle opportunité pour notre public de s’initier à la musique classique et découvrir les rouages d’un orchestre […] Nous sommes très contents d’avoir pu être impliqués dans cette parenthèse musicale et nous espérons de tout cœur que cette expérience unique puisse être proposée à plus de jeunes détenus l’année prochaine ». L’émotion aura également été très forte pour chacun des jeunes présents et investis dans le projet au cours de cette parenthèse éducative.
Stéphane DEQUIN, psychologue au Service éducatif de l’EPM :
« Durant la semaine de l'Orchestre Participatif, nous avons accompagné un jeune de l'EPM dans un projet, avant tout humain. Cinq jours. Cinq jours où nous avons tenté d'injecter de l'humanité dans le parcours de ce jeune. Cinq jours de rencontres, de confrontations, de confiance, d'oser, d'essayer, de rater, de recommencer, de parler, d'échanger, d'écouter. Cinq jours ailleurs que dans sa cellule, dans un nouvel espace, à « l'école des éducateurs », mais aussi cinq retours à l'EPM après cinq départs. Cinq jours à être autre chose que ce que j'ai été jusque-là. Cinq jours en dehors de sa zone de confort, cinq jours à faire ce que peu d'adultes oseraient faire.
Cinq jours, pas pour changer le monde, pas pour changer les autres, mais peut-être changer juste le regard que l'on porte sur soi, être fier, se tenir droit, se faire entendre sans crier, en jouant, en faisant de la musique, se faire entendre en écoutant les autres, en respectant le chef. Cinq jours de confiance, dans les musiciens, dans le chef, dans les professionnels. Cinq jours de respect, des autres, de soi, des règles, de l'espace, des instruments. Cinq jours qu'il aurait voulu partager en famille, montrer cette autre image à ses parents, mais finalement qu'à soi. Mais dans le regard des autres, sous les applaudissements, j'espère qu'il a vécu une expérience qui a pu, un peu, le changer. »