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Accueil › 7e rencontres annuelles de la Clinique : "Fais pas genre !"7e rencontres annuelles de la Clinique : "Fais pas genre !"
Les 22 et 23 juin 2023, l'ENPJJ organise à destination des psychologues de la PJJ les 7èmes rencontres annuelles de la clinique, sur le thème du genre. Appel à communications ouvert jusqu'au 17 mai 2023.
7e rencontres annuelles de la Clinique : "Fais pas genre !"
Les 22 et 23 juin 2023, l'ENPJJ organise à destination des psychologues de la PJJ les 7èmes rencontres annuelles de la clinique, sur le thème du genre. Appel à communications ouvert jusqu'au 17 mai 2023.
Intitulées "Fais pas genre !", les 7èmes rencontres annuelles de la clinique de l'École nationale de protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ), à destination des psychologues de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), se tiendront au site central (Roubaix - Hauts-de-France) de l'ENPJJ les 22 et 23 juin 2023. Le programme détaillé sera prochainement disponible.
Argumentaire
In nova fert animus mutatas dicere formas Corpora…
« J'ai formé le dessein de conter les métamorphoses des êtres en des formes nouvelles… »*
Ovide, 1er siècle, Préambules des Métamorphose
Mettons les pieds dans le plat : le genre. Le mot est lâché et inonde nos canaux d’informations usuels, produisant divers effets dans les champs sociétal et intime ; les deux étant fatalement liés. En ce qui nous concerne ici : le genre en lien avec une période spécifique, complexe, transitoire, que nous connaissons bien, l’adolescence, voire l’enfance. Un âge de la vie synonyme de transformations dans un système en mutation profonde, en tous les cas selon certains commentateurs.
Ainsi, depuis les années 1980, les gender-studies ont progressivement questionné, bouleversé, submergé, la perception que nous pouvions avoir de la différence des sexes. Là où semblait exister auparavant une binarité des sexes anatomiques mâle ou femelle relativement simple car censée se conjuguer avec un positionnement masculin ou féminin de bon aloi, on assiste dorénavant à une ouverture – une réouverture ? – franche et visible du champ des possibles. Une ouverture que d’aucuns ne manqueraient pas de qualifier d’entropique, à défaut d’excessive. Comment en sommes-nous passés des « invertis » aux LGBTQIA+ ?
Il paraitrait même que certains enfants ne naitraient pas dans le « bon corps » ! Comme si le sujet pouvait (se) défausser d’un tel réel… Est-ce que tout cela à un sens ? Autre en tous les cas qu’un trouble du narcissisme induit par un déclin des valeurs traditionnelles et d’une montée d’un hédonisme individualiste et libertaire ? Sans compter les répercussions qui pourraient advenir à long terme du fait d’une démarche de transition trop précoce.
Mais comme Ovide, à travers les douze-milles vers de son poème, prenons notre temps, ne nous précipitons pas. Les querelles sont nombreuses sur ces sujets au croisement du psychologique, du biologique et du social. Indifférents aux dogmes, notre affaire ici est de s’orienter vers la clinique pour voir ce qu’elle a à nous en apprendre.
Vous nous rétorquerez peut-être que ces évolutions, ces métamorphoses, n’intéressent pas au premier chef notre public spécifique. Que nos jeunes dits « délinquants », prompts pour certains aux insultes à connotation sexiste, homophobe, aux représentations de genre les plus stéréotypées qui soient, seraient à contrario les dignes représentants d’un patriarcat éternel et d’un ordre des choses immuables. En est-on réellement si sûr ? Toutes ces agitations du lien social ne les ébranleraient-ils pas un peu ? Et quand bien même cela ne serait pas le cas, leurs attitudes, leurs apparences et surtout leur discours parfois caricaturaux, ne seraient-ils pas à questionner sous l’angle à la fois du genre et d’un retour du refoulé ? Reste à savoir lesquels.
*J'ai formé le dessein de conter les métamorphoses des êtres en des formes nouvelles.
O dieux (car ces transformations furent, elles aussi, votre œuvre), favorisez mon entreprise
et guidez le déroulement ininterrompu de mon poème
depuis l'origine même du monde jusqu'à ce temps qui est le mien.
Appel à communications
À l'instar des éditions précédentes, ces 7èmes rencontres alternent les conférences et les ateliers. Les ateliers (durée : 1 heure 30) s’appuient sur des communications, de 20 à 30 minutes environ, en lien, dans la mesure du possible, avec la thématique des journées. Comme chaque année, les professionnels ont la possibilité de proposer une communication visant à exposer :
- une analyse de situation ;
- une expérimentation professionnelle ;
- une recherche universitaire.
Les propositions sont à adresser à Janique Lepage (janique.lepage(at)justice.fr), Mael Virat (mael.virat(at)justice.fr) et Guillaume Grasland (guillaume.grasland(at)justice.fr) avant le 17 mai 2023.
Modalités de participation et d'inscription
Ces rencontres se tiendront exclusivement en présentiel au site central de l’ENPJJ, situé 16, rue du Curoir, à Roubaix (59100). Elles s'adressent exclusivement aux psychologues de la Protection judiciaire de la jeunesse.
Les inscriptions sont dématérialisées et sont à effectuer exclusivement sur Harmonie (Numéro de session : 51062992). La session peut être trouvée en se connectant sur le portail Harmonie, puis en cliquant sur la tuile « Demande de formation » et en utilisant la barre de recherche prévue à cet effet.
Programme prévisionnel
Jeudi 22 juin 2023
9h30 – 10h : Café d’accueil
10h – 10h30 : Discours introductifs
10h30 – 12h : Première conférence / Silvia Lippi : La psychanalyse non-binaire : un regard sur la norme hétérosexuelle et ses exceptions
La psychanalyse a toujours été considéré une discipline qui appuie sa pratique sur l’« incontestable » binarité des sexes, justifiée par la « petite » différence anatomique, comme le dit Lacan dans la première séance du séminaire …ou pire. E pourtant Freud a soutenu que l’inconscient ne connaît pas la différence de sexes, comme le montre sa théorie des pulsions, à partir de laquelle l’inventeur de la psychanalyse a pu montrer que les objets « partiels » du désir n’ont pas de sexe. Pourquoi alors les psychanalystes ne reculent pas face au roc de la binarité et ses normes sexuelles, d’autant plus aujourd’hui que la clinique de la transidentité nous a ouvert à d’autres perspectives ? Pourquoi s’obstinent-ils et elles à penser l’identité, le désir et la jouissance à partir de deux sexes ? Et si la binarité est la norme, ne pousse-t-elle les hommes et les femmes à une adéquation aux codes masculins et féminins souvent aliénantes et malsaines, comme le montre depuis toujours la clinique ? La « pathologie », est-elle dans l’asservissement à la norme sexuelle ou dans leur transgression ?
De formation philosophique, Silvia Lippi est psychanalyste, docteur en psychologie et psychologue hospitalière à l’Établissement Public de Santé Barthélémy Durand (Étampes). Elle est l’autrice de Rythme et mélancolie (Erès, 2019), Freud. La passione de l’ingovernabile (Feltrinelli, Milano, 2018), La décision du désir (Eres, 2013), Prix Œdipe le Salon 2014, Transgressions. Bataille, Lacan (Eres, 2008). Elle a co-dirigé l’ouvrage collectif Marx, Lacan : l’acte révolutionnaire, l’acte analytique (Eres, 2013). Prochainement : Sœurs, Pour une psychanalyse féministe (Seuil, septembre 2023), co-écrit avec Patrice Maniglier.
12h – 14h : Pause déjeuner
14h – 15h30 : Deuxième conférence /Aurélien Cadet :‘‘Faire l’éduc’’. Genre et temporalités de l'autorité - Ethnographie de la prise en charge d'adolescents et adolescentes "difficiles"
Dans la lignée du titre des septièmes rencontres annuelles, cette communication s'inspire d'interpellations émises par des jeunes qualifié·es de "difficiles" à des éducateurs et éducatrices en poste au sein d'une unité éducative de l'Aide Sociale à l'Enfance. Si celles-ci peuvent en effet être empreintes de normes de genre, d'autres comme "arrête de faire l'éduc", ou encore "tu fais trop l'éduc", permettent d'interroger la façon dont les pratiques professionnelles sont ordonnées. Une fois pris au sérieux, ces jugements sont convertis en matériaux précieux afin d'ethnographier les conditions de réalisation de l’autorité. De la pose d’un cadre à l’exercice de la contrainte physique, l’analyse d'accomplissements performatifs et de leur réception par les prismes du genre et des temporalités dévoilent un agir professionnel genré, un « faire éduc » qui se conjugue notamment par un modèle d'imposition. De façon à resituer la place du genre dans le quotidien des jeunes placé·es par une lecture relationnelle de l'autorité, cette communication s'appuiera sur les résultats d'une thèse de sociologie (en cours d'écriture) réalisée à partir d'un poste d'éducateur-chercheur.
Aurélien Cadet est éducateur spécialisé et doctorant en sociologie à l’IRIS/EHESS.
15h30 – 16h : Pause
16h – 17h30 : Ateliers
17h30 – 18h : Pause
18h – 19h30 : Pièce de théâtre « Les Variations silencieuses », par la compagnie Ah mon Amour
19h30 – 20h30 : Temps convivial
Vendredi 23 juin 2023
10h – 11h30 : Troisième conférence / Glenn Le Gal : Accompagnement des transidentités au Planning Familial 35, retour sur une pratique clinique située
Depuis 2015, le Planning Familial 35 accompagne les personnes qui le souhaitent dans leur parcours de transition. En collaboration avec les associations LGBTQI+ du territoire et les personnes concernées, nous avons choisi de suivre un principe d'autodétermination, qui place les choix et le vecu des patient.e.s au coeur de nos pratiques, loin des logiques de diagnostic et d'expertise. Dans ce contexte, l'accompagnement en psychologie clinique, proposé aux personnes qui le demandent, s'oriente d'une psychanalyse située, c'est-à-dire qui assume sa dimension politique et prend en compte les mécanismes d'oppression et de domination systémiques en jeu dès lors que se pose la question du genre et de ses pratiques.
Glenn Le Gal est psychologue clinicien (Université Rennes 2) au Planning Familial 35.
11h30 : Clôture des rencontres