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Le 72ème numéro de la revue professionnelle Les Cahiers dynamiques de l’ENPJJ, intitulé « Radicalisations : des jeunes sous influence ? », est disponible.
Les Cahiers dynamiques n°72 : « Radicalisations : des jeunes sous influence ? »
Le 72ème numéro de la revue professionnelle Les Cahiers dynamiques de l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse, intitulé « Radicalisations : des jeunes sous influence ? », est disponible.
Radicalisations : des jeunes sous influence ?
« Je ne dois pas penser, je ne dois pas penser, je ne dois pas penser ni me souvenir, pas d’images sur le mur, faut vider ma tête, tout mettre dans la corbeille, ne pas bouger, ne pas changer d’attitude, non, l’abime entre moi et moi est assez grand pour qu’il n’y ait aucune pensée. » En 2003, Tahar Ben Jelloun réussissait, en 5 pages, à se mettre dans la peau de l’un des terroristes qui, en 2001, avait lancé un avion sur l’une des tours jumelles du World Trade Center de New York. Dans cette nouvelle, intitulée L’enfant trahi, il touche, d’une manière très poétique, au plus profond de l’émotion et décrit le processus d’emprise qui est à l’œuvre dans les phénomènes de radicalisation. L’Art et la littérature comme moyen de compréhension? C’est ce que dit aussi l’un des référents laïcité et citoyenneté (RLC) interrogés dans ce numéro. Denys CROLOTTE parle de « Lettre à Nour », du film « Le ciel peut attendre » et de l’exposition qu’il a mise en place pour favoriser l’apprentissage de la laïcité.
Son travail donne un très bon exemple des actions développées pour prendre en charge les jeunes exposés à la radicalisation. Et c’est d’ailleurs la bonne surprise de ce numéro. En effet, si les manifestations de ces radicalisations (auxquelles on peut adjoindre le terme de violentes) ont d’abord sidéré, effrayé, elles ont aussi été le moteur de réflexions approfondies et de réponses pertinentes qui ont parfois, salutairement, bousculé les habitudes de travail et créé de nouvelles collaborations.
Compréhension et action
La compréhension du processus de radicalisation par les chercheurs et les professionnels a permis de mettre en place des actions de prévention. Comme l’atelier « zététique » dont nous parle Morad BOUHEZAM et comme ce que font de nombreuses équipes éducatives, souvent en lien avec le référent laïcité et citoyenneté. Dans les cas où un signalement a été effectué, il s’agit de mettre en œuvre, à l’exemple de ce qui peut se faire en prévention spécialisée, une prise en charge éducative. Celle-ci s’exerce également quand un délit, souvent qualifié « d’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste » est avéré. Dans ce cas là encore, une prise en charge adaptée est mise en place même si, on le voit dans les propos de Marie-Pierre AUBRY et de Dounia BOUZAR, des interrogations subsistent quant au devenir de ces jeunes, les plus engagés, quand ils deviennent majeurs et risquent d’être confrontés à nouveau à l’embrigadement, notamment en prison.
Néanmoins, à l’heure où le gouvernement a lancé, il y a quelques semaines son 4ème plan de lutte contre la radicalisation, il est rassurant de constater que des actions, des coopérations existent et que les équipes éducatives proposent de véritables prises en charge éducatives destinées à enrayer ces phénomènes de radicalisations. Les quelques exemples donnés ici sont autant de manières différentes, parfois complémentaires, d’aborder les sujets mais, à n’en pas douter, il en existe d’autres. L’ensemble de nos interlocuteurs et des auteurs présents dans ce numéro, qu’ils viennent de l’univers de la justice ou du secteur associatif semblent pourtant d’accord pour affirmer que ces phénomènes de radicalisations pourraient durer. D’autant que si le processus qui les sous-tend est maintenant bien décrit, et que cela permet d’agir, il existe toujours une offre faite par des recruteurs et qu’elle garde, pour certains, une certaine « efficacité ».
Une offre alternative ?
La question se pose donc - et elle dépasse largement le monde du travail social et de la justice - de ce que peut offrir la société à ces jeunes en matière de projets d’insertion et d’espoir ? Citoyenneté, laïcité mais aussi éducation et intégration sont les mots qui reviennent le plus pour envisager des solutions à ce qui est devenu un véritable enjeu sociétal. Pour que, à l’encontre de ce qui se passe pour le personnage décrit par Tahar BEN JELLOUN, ces jeunes, les jeunes, ne perdent, ne trahissent jamais la part de l’enfant qui est en eux tout en réussissant à devenir des adultes renonçant à la violence. Car il s’agit, même pour ce sujet brûlant, de cela avant tout… Et finalement, poésie, éducation et justice se rejoignent pour donner un sens qui n’est rien d’autre que celui, une fois de plus, de la protection de l’enfance, de l’enfant.
>> Voir le numéro sur le site des Éditions Erès <<