HOMMAGE - Gisèle Fiche, une figure inspirée, inspirante

Les professionnels de l’École ont appris avec tristesse la disparition le 13 juillet dernier de Gisèle Fiche. Figure incontournable pour l’institution, elle a initié, dès les années 1990, depuis le Centre national de formation et d’études de la protection judiciaire de la jeunesse (CNFE-PJJ) de Vaucresson les principes fondamentaux du développement des savoirs, de leur diffusion et de l’accès aux ressources.

HOMMAGE - Gisèle Fiche, une figure inspirée, inspirante

 

Une pionnière, (…)

Si le pionnier est celui qui fraye un chemin, Gisèle Fiche fait partie de ce registre de professionnels de l’Éducation et de l’apprentissage. Retraitée, début 2008, elle fut notamment directrice de services de la protection judiciaire de la jeunesse.             

Avec humilité et vigueur, elle fonde dès les années 1990, depuis le CNFE-PJJ, les bases du triptyque recherche – édition – documentation, un préalable à l’accès, la diffusion, la valorisation des savoirs et des ressources à l’endroit des professionnels en formation. Pragmatiquement, elle initie, en 1995, la revue professionnelle de la protection judiciaire de la jeunesse Les cahiers dynamiques. En 1998, elle confirme le rôle crucial de l’histoire comme incontournable à l’appréhension éclairée des débats et enjeux éducatifs. Ces derniers sont inscrits, font trace dans une revue scientifique d’histoire de l’enfance dite « irrégulière » (RHEI) qu’elle fonde en 1988 avec Jacques Bourquin, Jean-Jacques Yvorel, l’Association pour l’histoire de l’éducation surveillée et de la protection judiciaire des mineurs (AHES-PJM). Cette revue est intitulée alors Le temps de l’histoire. L’épopée éditoriale ne s’arrête pas là. En 2006, elle initie une revue scientifique, pluridisciplinaire baptisée Sociétés et jeunesses en difficulté (SEJED) accessible entièrement en ligne. Trois revues qui autorisent, organisent le débat, la réflexion professionnelle, éducative nourrie de résultats scientifiques et réciproquement. Gisèle Fiche ne s’arrête par en si bon chemin. Elle œuvre à la construction d’une politique documentaire solide. En 1999, elle dirige le département Recherche études et développement (RED) du CNFE-PJJ, à Vaucresson. Elle co-pilote le groupe de travail du CNFE qui rédigera le cahier des charges du futur dispositif de ressources en 1999-2000. Ce travail a conduit à la création d’un centre de ressources puis d’un site internet du CNFE notamment.

 

(…) aux principes de transmission universels

Quelques années ont passé. En 2024, au 16 rue du Curoir, ces productions sont toujours en activité. Tous ont surtout pu se confirmer, s’adapter à hauteur des enjeux actuels. Le centre de ressources est devenu une médiathèque, aujourd’hui rénovée pour s’adapter aux nouveaux usages d’apprentissages.

Elle offre un panel étoffé de ressources. Elles sont pluridisciplinaires et portent sur le thème central de la jeunesse, de l’adolescence en difficulté(s). Contemporaine ou patrimoniale, accessible en consultation ou en ligne, au format premier ou numérisée l’offre documentaire s’est enrichie dernièrement d’une pédagothèque avec tutoriels pédagogiques disponibles sur la chaine YouTube de l’ENPJJ. Les trois revues professionnelle et scientifiques sont toujours diffusées. Elles connaissent un succès toujours grandissant, s’adaptent elles-aussi.  La revue d’histoire de l’enfance « irrégulière » est éditée désormais par Anamosa. La liste n’est pas exhaustive, c’est un ensemble désormais qui a pu se solidifier et s’accroitre.

Les étapes qui ont pu être franchies grâce à elle, à son implication, ses conseils avisés à mesure des années ont fait toute la fierté de Gisèle Fiche. Faite chevalier dans l’ordre national de la légion d’honneur, elle a toujours continué à exprimer en discrétion, par des attentions justes et sans ostentation toute la considération vis-à vis des professionnels de l’École inscrits désormais dans ces métiers de recherche, documentation, édition.

Gisèle Fiche fait preuve de modernité incontestablement, elle est moderne sans être à la mode. Elle a su instituer des principes universels de transmission. Ils assurent encore à ce jour la qualité de la production de contenus. Ils permettent aussi d’organiser des espaces d’échanges et de réflexion déterminants pour penser pour et avec les professionnels la pratique éducative. La Direction de la protection judiciaire de la jeunesse lui en est infiniment reconnaissante.