Ciné-débat : les émotions sous le feu des projecteurs

Les 8 et 13 décembre, les élèves de la CPI9 ont restitué leur participation au Festival Européen du film d’Éducation au cours de deux soirées projections-débats.

Ciné-débat : les émotions sous le feu des projecteurs

Les 8 et 13 décembre, les élèves de la 9ème classe préparatoire intégrée ont restitué leur participation au Festival Européen du film d’Éducation au cours de deux soirées projections-débats.

« Des histoires de vie à partager »

La 12ème édition du Festival Européen du Film d’Éducation (FEFE) s’est tenue à Evreux du 29 novembre au 3 décembre 2016.

La 12ème édition du Festival Européen du Film d’Éducation (FEFE) s’est tenue à Evreux du 29 novembre au 3 décembre 2016. Organisé par les Centres d’entrainement aux méthodes d’éducation active (CEMEA), ce festival délivre, à travers la projection de courts, moyens et longs-métrages, des histoires d’éducation. Les nombreuses thématiques traitées – de l’enfance à l’adolescence en passant par l’école, le travail, la famille ou encore la diversité sociale et culturelle – sont autant de moyens de mettre en scène le vivre ensemble, l’autorité, la transmission, l’apprentissage. En donnant à voir ces tranches de vie, choisies ou subies, ces films, au-delà de l’émotion qu’ils suscitent, invitent le spectateur à s’interroger.

 

En proposant un temps de voyage, à travers le temps et les espaces, le FEFE devient le creuset d’une « réflexion sur ces destins hors du commun, mais reflets de nos préoccupations quotidiennes », explique Christian GAUTELLIER, directeur du festival.

En 2016, 9 élèves de la 9ème classe préparatoire intégrée (CPI9) se sont rendus au festival, dont l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ) est depuis 2009 partie prenante. « Ce regard porté sur des œuvres aux approches multiples et internationales sur l’éducation va […] renforcer mes compétences dans ce média que j’affectionne », explique Ninon, élève de la CPI 9 et président du Jury jeune. « Des compétences que je compte bien transmettre aux jeunes qui me seront confiés ».

Les 8 et 13 décembre, les élèves ont organisé une restitution de cette enrichissante expérience dans l’amphithéâtre du site central (Roubaix – Nord) de l’ENPJJ. Ces soirées projections-débats, autour de la diffusion de 7 films et d’un web documentaire provenant du FEFE, ont rassemblé au total près de 70 personnes (CPIstes, stagiaires éducateurs et directeurs, professionnels de l’École et personnalités extérieures).

Entre notion de cadre et gestion des émotions

 Au cours de la première soirée, Sarah, Mohamed, Charlotte et Sara ont pu débattre avec le public autour de 4 œuvres, qui, à l’issue de leur projection, ont suscité leur lot d’interrogations.

Au cours de la première soirée, Sarah, Mohamed, Charlotte et Sara, élèves de la CPI9, ont pu débattre avec le public autour de 4 œuvres, qui, à l’issue de leur projection, ont suscité leur lot d’interrogations.

« Ces films ne sont pas faits pour apporter des réponses mais pour poser des questions », explique Charlotte. « Ce sont des films d’éducation ».

Entre attachement aux racines et intégration [Le bleu blanc rouge de mes cheveux], notion de sacrifice et de présence familiale [About a mother], famille recomposée [D’homme à homme] et conformisme [Alike], les thématiques développées dans les œuvres ont permis aux spectateurs, outre d’interroger ce qu’ils ont vu, de questionner leurs futures pratiques éducatives.

Que voient-ils ? Quelle interprétation donner ? Quelles solutions préconiser ?  

Frédérique MARMY, formatrice à l’ENPJJ et co-référente de la CPI a invité les futurs professionnels présents dans la salle à faire preuve, en toute circonstance, d’écoute attentive et de créativité dans les réponses apportées.Complices d’un public enthousiaste et participatif, les 4 CPIstes ont essentiellement orienté leurs interventions vers la notion de cadre et la gestion des émotions :

  • Une notion qui prend tout son sens en marge d’une décision capillotractée, ou du choix de s’extirper d’un conformisme en délivrant un message d’espoir et de créativité ;
  • Des émotions parfois à la limite du dicible et qui s’expriment par de simples regards qui en disent long. Une interaction d’homme à homme où silence rime avec souffrance et persévérance.

Dans chaque cas, la transformation d’un personnage, qui à l’issue de son périple, ne sera plus jamais le même. « Chaque adolescent est différent », estime Mandy, élève de la CPI 9.

 

« C’est important d’arriver à s’adapter à chaque jeune, afin d’être au plus près de leurs besoins ». Un constat partagé par Frédérique MARMY, formatrice à l’ENPJJ et co-référente de la CPI. « Une même situation ne sera jamais traitée de la même façon », déclare-t-elle en invitant les futurs professionnels présents dans la salle à faire preuve, en toute circonstance, d’écoute attentive et de créativité dans les réponses apportées.

Voyage exploratoire à travers les émotions

Le 13 décembre, l’amour et le sexe s’invitent à l’École, autour d’une programmation présentée par Ninon, Mélissa, Kim et Lina. Des chèvres broutent à l’ombre des barres HLM [La bergerie des Malassis rumine la ville !]. Des maux d’ados se mettent en scène [Mots d’ados]. Retranchés sur le territoire masculin, des jeunes hommes de banlieue esquissent un premier pas [Vers la tendresse]. Un petit garçon s’abandonne à un voyage dont il ignore la destination finale [Nirin]. Les deux premiers reflètent la mise en œuvre, l’évolution et l’aboutissement d’un projet éducatif où l’innovation et l’émotion ont toute leur place. Avec Mots d’ados, des adolescents se font la voix, face caméra, d’écrits intimes sur les problématiques de l’adolescence, rédigés par d’autres. « L’écrit devient médiateur et la lecture source d’épanouissement », raconte Kim en revenant sur la genèse du projet. L’un après l’autre, des volontaires, éducateurs ou CPIstes, défilent sur l’estrade et se prêtent au jeu de la lecture et de l’interprétation.

Le 13 décembre, l’amour et le sexe s’invitent à l’École, autour d’une programmation présentée par Ninon, Mélissa, Kim et Lina, élèves de la CPI 9.

Les spectateurs poursuivent ensuite leur voyage exploratoire à travers les émotions. « Nous avons souhaité que les jeunes parlent d’eux avec leurs mots », explique Mélissa à l’évocation du troisième film. Mention spéciale du jury Jeunes de l’édition 2016 du festival, Vers la tendresse « amène à réfléchir et à débattre sur le thème de l’amour », précise Ninon. En voix off, ils délivrent leurs représentations sexuelles et amoureuses, leur vision du couple, des relations, de la famille.

Lorsqu’ils évoluent, face à la caméra, le silence révèle mille maux. Une mise en scène originale qui, comme l’estime Marion, stagiaire directrice, invite à s’interroger sur « l’image qu’ils ont d’eux vis-à-vis des pairs, vis-à-vis d’eux-mêmes et sur l’importance du rôle de la famille ». L’occasion d’un échange autour de la mixité au sein de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et sur la place que doivent tenir les équipes éducatives.

En perte de repères, ces jeunes viennent chercher des modèles. Educateurs, directeurs des services, élèves de la CPI, ils ont déjà conscience, à l’aune de ces débats, de la noble responsabilité qu’ils assumeront et du rôle qu’ils auront à jouer, auprès des mineurs confiés.