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Accueil › 6èmes Rencontres annuelles de la Clinique de l'ENPJJ6èmes Rencontres annuelles de la Clinique de l'ENPJJ
Intitulées "Secret(s) et transmission", les 6èmes Rencontres annuelles de la Clinique, à destination des psychologues de la PJJ, se tiendront les 23 et 24 juin 2022 au site central de l'ENPJJ.
6èmes Rencontres annuelles de la Clinique de l'ENPJJ
Secret(s) et transmission
Intitulées "Secret(s) et transmission", les 6èmes Rencontres annuelles de la Clinique de l'École nationale de protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ) se tiendront en présentiel les 23 et 24 juin 2022 au site central (16, rue du Curoir, 59100, Roubaix) de l'École. Elles s'adressent aux psychologues de la Protection judiciaire de la jeunesse.
Argumentaire
« Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark »
Cette phrase célèbre tirée du Hamlet de Shakespeare, énoncée par Horatio pour qualifier l’état de confusion de tout un état, apparaît de bon augure pour introduire la thématique de ces nouvelles journées de la clinique de la Protection Judiciaire de la Jeunesse. L’idée sous-jacente de cet énoncé est celle-ci : tout le monde sait qu’il y a quelque chose qui cloche, tout le monde a sur le bout des lèvres le fait que le roi a été assassiné et que le trône a été confié à un usurpateur, mais tout le monde fait mine de l’ignorer. Or cela ne peut pas durer et, comme dans de nombreuses tragédies, à force d’avoir voulu éviter pendant trop longtemps toute révélation, les choses s’envenimeront petit à petit et finiront dans des passages à l’acte sanglants.
Secret(s) et Transmission. Voilà bien des choses auxquelles nous sommes fréquemment confrontés, dans notre pratique, tant au niveau des usagers et de leurs familles que parfois au niveau des services. Car les uns comme les autres possèdent une histoire avec laquelle il faut bien « faire avec ».
A priori, le premier terme, celui de secret, nous renvoie en tant que cliniciens à des processus plutôt négatifs de par ses possibles effets délétères sur le sujet : clivage, déni ou encore dissonance, selon le référentiel théorique avec lequel on voudrait l’aborder.
Quant au second, plus neutre, il peut rappeler la transmission de savoirs et de valeurs, tant de la part des familles, dans ce qu’elles transmettent involontairement ou non de coutumes, de normes sociales et autres déterminismes, que dans le travail éducatif inhérent à notre administration républicaine et à ce qu’elle peut renvoyer sur le plan des représentations.
Il y a dans la représentation du secret, de la tragédie antique aux révélations médiatiques les plus récentes (telles que mises en exergue par le hashtag #MeTooInceste), quelque chose de pourri, quelque chose qui pourrit, qui macère et dont les exhalaisons funestes finissent toujours par se faire re-sentir. Le secret n’a pas forcément besoin d’être scabreux en tant que tel. Cependant il introduit un trou dans l’histoire, dans la narration subjective que s’en fait le sujet. Un trou en anamorphose autour duquel on ne pourra s’empêcher de tourner, de subir une répétition, tout en faisant bien souvent mine de l’ignorer.
Cette « saine » ignorance peut être entretenue par le sujet lui-même, comme elle peut aussi se référer et être entretenue par un système entier, familial, communautaire ou professionnel. Ici, la transmission ne sera pas forcément là où on l’attendrait de prime abord. Si ce secret devient la règle sous-jacente, la pierre angulaire non-dite, sur laquelle se structure tout un système psychique, il y a fort à parier que celui-ci, à défaut de céder, aura toutefois tendance à marcher de guingois.
Pour autant, toute vérité est-elle bonne à dire ? Est-il toujours judicieux de vouloir remuer là où ça pèche, là où ça a péché ? Est-ce notre rôle, surtout dans le temps qui nous est imparti et au regard des missions qui nous sont confiées ? Bien sûr, si le sujet l’amène de lui-même, il faudra bien en faire quelque chose. Mais cela concerne-t-il la justice ? Et en quoi l’intime pourrait-il concerner la justice ?
Programme prévisionnel
JEUDI 23 JUIN 2022
10h – 10h30 : Café d’accueil
10h30 – 11h : Discours introductifs
11h – 12h30 : Première conférence : Quand l’intime devient l’affaire de tous (Jean-Paul MUGNIER)
Si certains secrets ont vocation à rester dans la famille, d’autres au contraire, dès lors qu’ils sont dévoilés, deviennent « l’affaire de tous ». Il en est ainsi des agressions sexuelles sur les enfants faisant l’objet d’une obligation de signalement. Mais le « faire savoir » que la loi impose, a une autre conséquence : celle d’engager la responsabilité de l’intervenant qui signale ! En effet l’énonciation des faits par la victime s’apparente bien souvent à un don à la relation la liant au professionnel qui l’écoute. Dès lors celui-ci devient, dans une certaine mesure, co-responsable du devenir de cette parole de l’enfant tant au sein de la famille qu’au niveau des instances judiciaires. Durant notre intervention nous envisagerons les différentes questions que soulèvent l’accompagnement des enfants qui ont espéré, en dénonçant les faits dont ils sont victimes, voir leur souffrance enfin reconnue.
De formation initiale éducateur spécialisé, JP Mugnier, est le co-fondateur de l’institut d’Etudes Systémiques qu’il a dirigé pendant plus de trente ans. Également directeur des collections Psychothérapies créatives et Penser le monde de l’enfant aux éditions Fabert, il est l’auteur de nombreux essais et romans dont Les stratégies de l’indifférence, Le silence des enfants, La promesse des enfants meurtris et plus récemment L’enfant face à la souffrance de ses parents.
12h30 – 14h : Déjeuner
14h – 15h30 : Deuxième conférence : La culture du secret et ses enjeux dans la « société de communication » (Céline BRYON-PORTET)
Les sociétés modernes occidentales entretiennent des rapports ambivalents avec le secret. D’une part, elles ont tendance à rejeter ce dernier au nom d’une idéologie de la transparence qui serait garante d’un fonctionnement démocratique des institutions (l’affaire « Wikileaks » de Julian Assange et les révélations d’Edward Snowden, par exemple, sont représentatives de ce courant de pensée) mais aussi dans une perspective de lutte contre l’injustice et de libération salutaire de la parole (mouvements « Me Too » et « Balance ton porc »). D’autre part, elles demeurent fascinées par ce qui est caché, voilé ou entouré de mystère (ce qui explique le succès d’ouvrages comme Da Vinci Code de Dan Brown, ou encore la curiosité suscitée par les sociétés secrètes). Cette ambivalence semble par ailleurs inhérente à la culture même du secret, laquelle peut s’avérer tantôt néfaste, tantôt bénéfique, selon les contextes et les individus.
A partir des exemples de l’armée et de la franc-maçonnerie, nous nous intéresserons notamment aux fonctions protectrice, cohésive, initiatiques et sacrale du secret, tout en soulignant les liens que celui-ci nourrit avec le silence. La compréhension des enjeux inhérents à ces institutions permettra ainsi de mettre en lumière les dimensions socioculturelle et symbolique du secret, ainsi que les effets potentiellement structurants de ce dernier, tant au niveau individuel qu’au niveau collectif.
Les travaux de recherche de Céline BRYON-PORTET (Professeur des universités en sociologie - université Paul Valéry - Montpellier 3) s'inscrivent dans une approche socio-anthropologique des médiations symboliques dans les organisations et les médias.
Elle étudie les dispositifs symboliques, les récits et figures mythiques ou encore les pratiques rituelles. Plus précisément, elle interroge le pouvoir des signes et des images symboliques, les expressions contemporaines de la spiritualité, du sacré et de ses émotions associées, afin de comprendre le rôle que ceux-ci jouent dans le processus de construction de la réalité, des identités individuelles et communautaires, dans le développement du lien social et des représentations collectives.
15h30 – 16h : Pause
16h – 17h30 : Ateliers
18h : Temps convivial à préciser
VENDREDI 24 JUIN 2022
9h – 10h30 : Ateliers
10h30 – 11h : Pause
11h – 12h30 : Troisième conférence : Une histoire de père et de hamster (Emmanuelle LAURENT)
Quand le secret s'invite si fort au sein d'une famille qu'il finit par se dire autrement, dans le corps, par l'angoisse, et dans une question existentielle répétée à l'envi tout au long de l'enfance et de l'adolescence : comment diable suis-je arrivée sur cette planète ?
Emmanuelle Laurent est psychologue clinicienne, créatrice de la série de vidéos « psychanalyse-toi la face » sur YouTube et autrice de plusieurs ouvrages. Elle revient ici sur l'un des faits marquants de son histoire et de sa reprise en analyse ou comment l'angoisse traduite ici par un manque de mots, notamment ceux de la mère, s'amenuise au rythme d'une parole qui, de nouveau, circule.
12h30 : Clôture
Appel à communications
Comme chaque année, les rencontres alternent les conférences et les ateliers. Les ateliers (durée : 1 heure 30) s’appuient sur des communications, de 20 à 30 minutes environ, en lien, dans la mesure du possible, avec la thématique des journées. Comme chaque année, les professionnels ont la possibilité de proposer une communication visant à exposer :
- une analyse de situation ;
- une expérimentation professionnelle ;
- une recherche universitaire.
Les propositions sont à adresser à Janique Lepage (janique.lepage(at)justice.fr), Mael Virat (mael.virat(at)justice.fr) et Guillaume Grasland (guillaume.grasland(at)justice.fr) avant le 25 mai 2022.
Modalités d'inscription
En 2022, les inscriptions aux rencontres sont dématérialisées et sont à effectuer exclusivement sur Harmonie (Numéro de session : 50917748). La session peut être trouvée en se connectant sur le portail Harmonie, puis en cliquant sur la tuile « Demande de formation » et en utilisant la barre de recherche prévue à cet effet.
Ces rencontres se tiendront exclusivement en présentiel au site central de l’ENPJJ, situé 16, rue du Curoir, à Roubaix (59100).