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Le 6 novembre 2019, près d’une vingtaine de participants ont assisté à la séance de présentation et d’échanges autour de l’ouvrage « Sale gosse », en présence de l’auteur, Mathieu Palain et de deux formatrices de l’ENPJJ, venues répondre aux questions sur le métier d’éducateur à la PJJ.
Rencontre autour de l’ouvrage « Sale gosse » à Roubaix
La relation au cœur du métier d’éducateur
Le 6 novembre 2019, près d’une vingtaine de participants ont assisté à la séance de présentation et d’échanges autour de l’ouvrage « Sale gosse », en présence de l’auteur, Mathieu Palain et de deux formatrices de l’ENPJJ, venues répondre aux questions sur le métier d’éducateur à la PJJ.
Le mercredi 6 novembre 2019, la librairie Autour des mots, située à Roubaix (Hauts-de-France), a accueilli près d’une vingtaine de participants dans le cadre d’une soirée de présentation de l’ouvrage « Sale gosse », en présence de Mathieu Palain, l’auteur.
Stéphanie Buchet et Virginie Hilbert, respectivement formatrices au pôle interventions éducatives (PIE) et au pôle gouvernance (PG) de l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ), étaient également présentes pour, outre répondre aux questions des participants, apporter des précisions sur les missions et le métier d’éducateur de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et échanger sur la vision que l’auteur a de ces missions et de ce métier.
Une immersion dans les services de la PJJ
Mathieu Palain est dans un premier temps revenu sur la genèse de son roman. Journaliste de formation, c’est dans la bouche de son père, éducateur à la PJJ, qu’il entend prononcer plusieurs fois ce mystérieux sigle. L’occasion de s’y intéresser de près se présente aux alentours de 2016, lors de l’enterrement d’un ancien professionnel de la PJJ, proche de la famille. Beaucoup de personnes se présentent en masse pour rendre un ultime hommage ; parmi elles, d’anciens jeunes accompagnés. Quelques années plus tôt, le film Polisse, qui présente le quotidien d’une brigade des mineurs, était passé par là. Une réalité qui ne laisse pas insensible. Mathieu Palain se présente à l’administration centrale de la PJJ dans l’optique de la rédaction d’un article pour la revue XXI sur la PJJ et, au-delà, sur les jeunes et ces professionnels qui les accompagnent. Le projet est validé, une immersion d’un mois est programmée dans un service de milieu ouvert de l’interrégion Grand-centre. L’équipe éducative, dans un premier temps réservée, devient finalement facilitante en termes d’accès aux terrains, aux jeunes, aux coulisses. Un mois plus tard, Mathieu Palain a l’impression de n’avoir qu’effleuré la surface. Son immersion se prolonge quelques mois supplémentaires. Petit à petit, la perspective d’une autre forme de rédaction germe. Un reportage de vie devient roman de journaliste. Une histoire dans l’Histoire. « Ce sont des histoires vraies, souvent tragiques et ces gamins ont le droit à l’oubli », explique-t-il. « Ce n’est pas destiné à faire plaisir à la PJJ ou aux éducateurs, mais à faire découvrir une histoire pas très connue ».
« Sale gosse »
Wilfried naît du mauvais côté de la vie. Sa mère, trop jeune et trop perdue, l’abandonne. Il est placé dans une famille d’accueil aimante. À quinze ans, son monde, c’est le foot. Il grandit balle au pied dans un centre de formation. Mais une colère gronde en lui. Wilfried ne sait pas d’où il vient, ni qui il est. Un jour sa rage explose; il frappe un joueur. Exclusion définitive. Retour à la case départ. Il retrouve les tours de sa cité, et sombre dans la délinquance. C’est là qu’il rencontre Nina, éducatrice de la Protection judiciaire de la jeunesse. Pour elle, chaque jour est une course contre la montre ; il faut sortir ces ados de l’engrenage. Avec Wilfried, un lien particulier se noue.
Source : Éditions Iconoclaste
« Le foyer, c'est le cinéma et le milieu ouvert, la photographie. Un film, tu le vis à je ne sais combien d'images par seconde, et l'histoire t'embarque. La photo, elle reste figée, mais à force de la regarder, tu perçois les détails, le second plan. Le milieu ouvert, c'est ça : tu as l'impression d'avoir perdu le contact, alors qu'en fait tu as pris du recul pour comprendre ce que tu regardes. » (Extrait)
La relation au cœur du métier éducatif
Loin d’un manifeste ou d’un plaidoyer, ce livre, dénué de toute intention politique, met avant tout en lumière ce lien magique qui peut exister entre un éducateur et un jeune accompagné ; des acteurs plongés au cœur d’une administration régie par une injonction qui peut sembler paradoxale. En effet, l’éducateur n’a pas vocation à remplacer un parent, un grand-frère, un membre de la famille. Toutefois, sans implication émotionnelle voire affective, pas de résultat. Une vision confirmée par Virginie Hilbert et Stéphanie Buchet. Valeurs, conviction, envie, empathie, sont des préalables à l’exercice de ce métier où l’on traite avant tout de l’humain – d’un humain souvent en proie à une précarité sociale et affective – et où il est indispensable de nouer une relation.
Certes, l’éducateur intervient dans un cadre judiciaire ; un cadre qui peut être perçu comme contraignant, mais qui atteste avant tout d’une marque d’attention portée à ces jeunes. Contenant, sécurisant, le cadre est indispensable. Mais il n’est pas qu’une case. « C’est aussi un sac, et comme tout sac, il est malléable », précise une formatrice. C’est de la contrainte que nait l’opportunité et de l’opportunité que nait la créativité.
Une créativité indispensable dans un métier où les recettes miracles n’existent pas et dans lequel la réponse vient souvent du jeune lui-même si on prend le temps de l’écouter.
L’émotion comme moteur
Toute relation implique des émotions et dans le cas de celle qui pourrait se nouer entre un jeune et son éducateur, celles-ci jouent un rôle crucial. « Il y a un difficile équilibre entre ce que je veux faire et jusqu’où je suis prêt(e) à aller », explique Stéphanie Buchet. L’investissement émotionnel peut être très puissant et il est important, comme le confirme Virginie Hilbert, de connaître ses limites. Non, tous ne seront pas « sauvés ». Non, l’éducateur n’est pas un « super héros ».
Les formatrices sont ensuite revenues sur le sentiment de frustration qui peut être ressenti par les professionnels qui voient passer ces jeunes l’espace de quelques mois, sans parfois savoir ce qu’il advient d’eux ou sans recevoir de merci à l’issue de la prise en charge. « Il faut accepter cette frustration », précise Virginie Hilbert. « Quand vous donnez, ce n’est pas pour recevoir ». « On sème des graines sans savoir ce qu’elles deviendront », renchérit Stéphanie Buchet. « On apprend à travailler avec ».
Garant du mot de la fin, Mathieu Palain a conclu la soirée en indiquant qu’il considérerait son défi relevé si, en refermant le livre, le lecteur se dira que ce héros, Wilfried, pourrait être son propre fils et non cet autre, inconnu, étranger, portant comme un stigmate cette étiquette de « délinquant » sur le front. L’ouvrage est disponible aux éditions Iconoclaste.