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Près d’une 50aine de cadres de la fonction publique ont assisté à une conférence sur le courage en management, lors de la 3ème soirée de l’encadrement de l’ENPJJ à Lyon.
3ème soirée de l’encadrement : retour sur le courage en management
Le 7 juin 2017, près d’une cinquantaine de cadres de la fonction publique ont assisté à une conférence sur le courage en management, lors de la 3ème soirée de l’encadrement de l’ENPJJ à Lyon.
La 3ème soirée de l’encadrement de l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ) s’est tenue le mercredi 7 juin 2017 à l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (ENSSIB) de Lyon. Cadres du ministère de la Justice, du Réseau des écoles de service public (RESP) et plus globalement de la fonction publique, ils étaient près d’une cinquantaine réunis pour assister à la conférence de François AELION sur le courage en management.
Les soirées de l’encadrement, organisées par l’ENPJJ dans différentes écoles du RESP, portent en 2017 sur le thème de la posture managériale. Après la vision managériale et le discernement, le courage était au cœur d’un temps de réflexion entre cadres de la fonction publique. « Cette rencontre est significative de ce que l’on souhaite mettre en place dans le cadre des soirées de l’encadrement », explique Lila BENARAB, chargée de mission formation des cadres tout au long de la vie à l’ENPJJ. « Les cadres ont des préoccupations communes. L’idée est de générer des temps pour se regrouper, d’avoir des temps de réflexion, tout en se rapprochant des territoires et des écoles du RESP ».
Le courage en management
« L’individualisation et la vulnérabilité de la société appellent le courage », explique François AELION en marge de l’effondrement des religions, des idéologies décevantes et de la croyance positiviste en la science. « Quand ces grandes confiances disparaissent, on se sent seuls. Le périssable nous réclame ». Cette situation impose le courage, cette « vertu qui permet les autres vertus », qui n’est pas innée, mais contextuée dans le temps (le courage n’est pas permanent) et l’espace (personne ne l’est dans tous les domaines).
En matière de gestion de crise, François AELION milite pour un credo simple : « No explain, no complain ». Aucun commentaire, aucun affect, face à la gestion des incidents, dont il identifie 3 degrés :
- Quand un problème se pose, agir, sans commentaire ;
- Si le problème persiste, solliciter de l’aide, sans commentaire ;
- Si personne n’est disponible, émettre un sentiment, sans justification.
« Les lâches se répandent. C’est à ça qu’on les reconnait », rappelle F. AELION. « Evitons toujours de commenter les commentaires ».
François AELION identifie 5 raisons à la vertu du courage, en établissant un parallèle avec les regrets des mourants : vivre sa vie comme on l’entend, ne pas s’acharner autant dans le travail, oser exprimer ses sentiments, rester en contact avec ses amis et s’autoriser à être plus heureux. Il invite chaque participant à essayer « de prendre de l’avance sur ces regrets qui nous attendent ».
Les moteurs du courage
Il identifie également 7 moteurs, 7 ingrédients fondamentaux qui permettent au courage de s’exprimer et qui incarneront l’essentiel de son intervention.
Le combat
Le courage est avant tout déployé pour mener un combat ; parfois contre les autres, toujours avec soi-même. « On va à l’encontre de ses tendances naturelles », explique F. AELION. « Le courage est un muscle qui s’éduque dans la souffrance ». Il s’agit de sortir de sa zone de sécurité, de confort, de s’exposer. « L’exposition de soi est un marqueur de courage », rappelle F. AELION, qui met en garde contre le contrôle par l’information, qui entraine la paralysie par excès d’analyse. « Plus on est guidé par un désir de sécurité, plus ce sera difficile ». A force d’attendre d’avoir trop d’éléments ou de se reposer sur trop de documents (slides, notes, …), on finit par ne plus oser agir. Or, le conflit est inhérent à la vie. « L’absence de conflit entraine la dictature par la douceur et l’unanimisme en CODIR, à la mort ».
La valeur
C’est ce qui vaut la peine de combattre : le destin, l’honneur, l’ambition, la rareté. C’est une question de rôle, d’ambition et d’évaluation. Jouer un rôle, se croire un destin, évaluer le coût de son inaction peut donner du courage. « Le courage implique de s’évaluer régulièrement. Le rejet de l’évaluation est le début de la lâcheté », explique F. AELION. « On sait qu’on a fait le bon choix quand on s’évalue positivement ».
La lucidité / l’humilité
Il faut vivre lucidement pour faire preuve de courage. Le courage est au centre d’une ligne dont les extrêmes sont la témérité et la lâcheté. Il n’exclut pas la peur et s’accompagne de vulnérabilité, d’humilité. « Le courage, c’est de vivre avec ses peurs. L’orgueil empêche le progrès », estime F. AELION, qui exhorte les participants à ne jamais se poser en (pseudo) experts. Il s’agit de se recentrer « ici et maintenant » et d’éviter 4 types de fuite :
- Le futur, ou reporter une décision au lendemain : « Oui, je vais voir ça sous peu », …
- Le passé, ou imaginer un reproche pour justifier son refus d’initiative : « Oui mais vous auriez pu le dire avant … »
- L’amplification, l’inconnu : « Il y a trop de choses à changer, inutile de commencer maintenant… »
- L’enterrement, ou minimiser l’importance d’un élément ou d’une situation : « Oh ça, c’est rien… »
F. AELION met en garde contre l’excès de lucidité qui se rapproche de l’excès d’analyse, de l’accumulation pseudo-rassurante de documents inutiles. « Les anxieux adorent la quantité. Elaguez-vous ».
La liberté
La liberté s’éprouve. La volonté s’incarne dans les choix. « Une bonne décision, c’est tout faire pour la rendre bonne après l’avoir prise », explique F. AELION en insistant sur l’importance du libre arbitre, même dans les situations les plus difficiles. La rareté, c’est la valeur. Lorsque l’on admet qu’il ne faut livrer toutes les batailles, on s’élague, on gagne en lucidité, on fait preuve de courage. Il faut parfois beaucoup plus de courage pour renoncer qu’en s’acharnant.
La responsabilité
« Lorsque l’on parle des choses qui vont bien, on parle au singulier », constate F. AELION. « Quand ça va mal, on globalise ». Il est essentiel, pour un manager, d’oser prendre ses responsabilités, tout en affichant son unicité et son originalité. Cette singularité implique d’assumer ses traversées du désert, de se faire respecter avant de se faire aimer, de faire preuve d’exemplarité. Tout cela nécessité la nudité du courage.
La détermination
Le sixième élément déterminateur du courage est l’endurance. « La tolérance s’arrête à trois, l’enfer commence à quatre » explique F. AELION. « En effort, en endurance, en négociation, c’est fondamental ; quand on veut quelque chose, on insiste quatre fois ».
Dans une situation plus cadrée dans le temps et l’espace, F. AELION s’appuie sur la règle de 3 : pas plus de 3 arguments par idée, 3 preuves par argument, … Il s’agira plutôt de faire moins de choses et durer, que de multiplier les actions pour faire marche arrière au premier accroc. « Peu de règles, sans aucune exception », conclue F. AELION qui s’appuie sur l’exemple des réunions : « Quel que soit le nombre de participants, commencez à l’heure ».
L’imitation
S’inspirer d’exemples, de personnalités courageuses et qui ont rencontré le succès peut donner une certaine énergie. Pour réussir, il faut parfois imiter. « L’imitation du courage est aussi physique », précise F. AELION en rappelant les 3 V de la force à travailler : la verticalité du corps (se tenir droit), la vision (l’acceptation de la situation, pas de regard fuyant) et la voix (posée).
La conférence sera prochainement disponible dans son intégralité sous format vidéo sur le site de l’ENPJJ. La quatrième soirée de l’encadrement, intitulée « Management par les valeurs et risques de perversion ? », se tiendra le mardi 12 septembre 2017 à l’INSET-CNFPT de Montpellier.